Pourquoi j’ai créé la Fondation Djimon Hounsou

November 18, 2020

L'acteur et humanitaire Djimon Hounsou explique sa motivation pour créer sa propre organisation à but non lucratif.

Photo by Kwaku Alston

 

Je ressens ce besoin impérieux… cette obligation inhérente de rendre à mon continent, à mon peuple, et de défendre l’idée de réconciliation et de reconnexion.

Quand j’étais jeune garçon de Cotonou, au Bénin, je marchais dans les rues poussiéreuses et sur les plages de sable de l’Afrique de l’Ouest, sans savoir qui y avait marché avant moi. Les écoles occidentales m’ont appris comment je devais penser, l’église m’a dit ce que je devais croire. Et comme beaucoup d’autres enfants nés dans des conditions économiques difficiles, je rêvais de faire une empreinte LOIN de là d’où je venais.

À l’âge de 13 ans, j’ai quitté l’Afrique pour la France avec de grands espoirs et les poches vides. Là-bas, j’ai rapidement abandonné l’école, espérant pouvoir choisir mon propre chemin. Pourtant, j’étais loin de me douter que ce serait un chemin semé d’embûches et de détours. J’ai fini comme un adolescent sans abri ne cherchant rien d’autre que les nécessités quotidiennes d’une maigre existence. Faute de vêtements chauds pour me protéger pendant l’hiver, on m’envoyait souvent passer la nuit dans une prison pour mineurs.

Pourtant, comme par chance, ma vie a pris un tournant 3-4 ans plus tard quand un photographe m’a découvert dans les rues de Paris. Il m’a présenté au créateur de mode Thierry Mugler, qui m’a encouragée à faire carrière dans le mannequinat. C’est ce que j’ai fait, et lentement, mais sûrement, un tout nouveau monde s’est ouvert à moi.

Quelques années plus tard, j’ai fait mes valises et j’ai quitté Paris pour Los Angeles. Et une fois de plus, la fortune m’a souri. Hollywood m’a ouvert ses portes et m’a invité à devenir membre de son club. Ironiquement, Hollywood m’a aussi ouvert les yeux sur qui je suis vraiment et d’où je viens.

Lorsque Stephen Spielberg m’a choisi pour le rôle de Cinqué dans son film Amistad, j’ai eu un aperçu choquant de la sombre histoire de l’esclavage qui a commencé sur les rives mêmes de mon pays natal, le Bénin. Dans ce miroir cinématographique, j’ai vu le reflet de mes ancêtres qui sont allés au Nouveau Monde dans des circonstances très différentes… enchaînés ensemble dans les galères des navires négriers.

On estime qu’environ 10 à 12 millions d’Africains ont été embarqués en esclavage pendant la traite transatlantique des esclaves. Aujourd’hui, de nombreux descendants d’Africains vivant à l’étranger sont liés à d’anciens esclaves d’une manière ou d’une autre. Pourtant, la plupart d’entre nous semblent ignorer totalement ce fait. Je me pose donc la question suivante : « Comment les Afro-descendants peuvent-ils avoir une connexion avec leur héritage alors que des personnes comme moi, qui sont nées en Afrique, se sentent souvent elles-mêmes déconnectées de leurs racines ? »

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L'une des conséquences de la traite transatlantique des esclaves a été la perte des connaissances sur les familles, les origines et l'ascendance.

J’ai aussi eu une autre idée : « Alors que la traite des esclaves est une cause fondamentale de notre manque d’identité et d’appartenance, nous aimons penser à l’esclavage comme à une relique du passé. » Malheureusement, cela ne pourrait pas être plus éloigné de la vérité. Aujourd’hui, le nombre de personnes vivant dans l’esclavage moderne est quatre fois plus élevé que pendant la traite transatlantique des esclaves. Plus de 40 millions de personnes ! C’est scandaleux et totalement inacceptable.

Je ressens donc le besoin impérieux de faire ma part pour combattre l’esclavage moderne et la traite des êtres humains. En outre, je tiens à redonner à mon peuple et à défendre l’idée de la réconciliation et de la reconnexion par le biais de la Fondation Djimon Hounsou. J’espère que vous vous joindrez à notre mouvement culturel et deviendrez l’une des nombreuses voix pour l’Afrique qui se réapproprient notre histoire et nous aident à façonner un avenir meilleur. Il était temps !

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